Ce que le Père fait est bien faitpage 3 / 5
- Jamais je n'ai vu si belle poule. Elle est plus belle même que la poule du pharmacien ! Je serais heureux de l'avoir. Une poule trouve toujours à se nourrir sans qu'on s'occupe d'elle. Ce serait un bon échange.
- Voulez-vous changer votre poule pour mon oie ? demanda-t-il au receveur de l'octroi, à qui appartenait la poule.
- Comment donc ! dit l'autre. Le paysan prit la poule, et le receveur prit l'oie. Notre homme avait bien employé son temps. Il avait chaud et se sentait fatigué. Un verre d'eau-de-vie et un peu de pain lui étaient bien dus. Justement il était devant une auberge. Il entra. Mais au même moment arriva un garçon portant un sac plein sur le dos.
- Qu'as-tu là-dedans ? demanda notre paysan.
- Des pommes gâtées, dit l'autre, tout un sac, pour les cochons.
- Tout un sac plein de pommes ? Quelle richesse ! Voilà ce que je voudrais bien apporter à ma femme. L'an dernier, nous n'avons eu qu'une pomme sur notre vieux pommier, nous l'avons laissée sur notre commode jusqu'à ce qu'elle pourrît. " Cela prouve qu'on est à son aise ", disait la mère. Mais, cette fois, je pourrais lui montrer quelque chose de mieux.
- Que m'en donnerais-tu ? dit le garçon.
- Donne, dit le paysan. Je change ma poule pour ton sac. L'échange fait, ils entrèrent à l'auberge. Là notre homme mit son sac près du four qui était brûlant. L'hôtesse n'y prit pas garde. Dans la salle il y avait beaucoup de gens : des maquignons, des marchands de boeufs, pas mal de gens de la campagne, quelques ouvriers qui jouaient entre eux dans un coin et enfin à un bout de la table, deux Anglais moitié touristes, moitié marchands, et qui étaient venus à la ville pour voir si quelque occasion ne se présenterait pas de trouver une bonne affaire. N'ayant rien rencontré, ils étaient attablés et regardaient avec indifférence le reste de la salle. On sait que les Anglais sont presque toujours si riches que leurs poches sont bondées d'or. De plus ils aiment à parier, à propos de n'importe quoi, rien que pour se créer une émotion passagère qui les change un instant de leur froideur continuelle. Or, voici ce qui arriva :