vendredi 26 Décembre 2014 à 21h57
c'est long à lire
Les autres suivirent son exemple avec le même enthousiasme, et l'un deux appela ceux qui étaient à l'intérieur de l'écurie : "Holà, camarades ! Nous avons ici une grand-mère avec un vin qui doit avoir le même âge qu'elle. Buvez-en aussi un coup, il vous réchauffera l'estomac bien mieux que le feu que nous avons là "
Prenant son tonnelet, la vieille clopina jusque dans l'écurie. Ils étaient trois : un sur la selle, un autre la main à la bride et le troisième cramponné à la queue du cheval favori. Elle leur versa à boire autant qu'ils en voulurent jusqu'à ce que la source fut tarie ; et peu après, la main qui les tenait lâcha les rênes et l'homme glissa à terre où il commença à ronfler ; le second abandonna la queue pour se coucher par terre et se mettre à ronfler encore plus fort , quant au troisième, sur la selle, il y resta bien assis, mais se pencha, se pencha en avant, le menton dans la poitrine et la tête presque dans le cou du cheval, ronflant comme un soumet de forge. Dehors, il y avait un bon moment que les autres dormaient, allongés autour du feu et gardant une immobilité de statues.
En voyant son succès, le maître-voleur mit un bout de corde dans la main de celui qui tenait la bride, et un bouchon de paille dans les mains de celui qui tenait la queue du cheval. Mais que pouvait-il faire avec celui qui était sur le dos de la bête ? Il ne voulait pas le remettre par terre, parce qu'il risquait de se réveiller et de donner l'alarme en criant.
La bonne idée lui vint bientôt : avisant quelques bonnes cordes suspendues au mur, il desserra la sangle de la ventrière, noua quatre bonnes cordes à la selle, lança les autres bouts par-dessus une solive et hissa le tout, selle et cavalier, pour les reposer doucement sur la grosse barre de séparation entre les stalles ; cela fait, il y fixa solidement la selle sur laquelle ronflait toujours le cavalier.
Détacher le cheval, ensuite, ne lui demanda qu'un instant ; mais s'il l'avait enfourché pour traverser la cour et son dallage, le galop eût été entendu du château. Alors il enveloppa soigneusement de chiffons les sabots du cheval, le mena prudemment à la main jusqu'à la porte extérieure, et une fois là, sauta en selle et partit au triple galop. Chevauchant le cheval volé, le maître-voleur s'en revint au château après le lever du jour. Le comte sortait du lit et s'était mis à la fenêtre.
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