Grand Claus et petit Clauspage 4 / 10
- Que dit-il encore ? demanda le fermier.
- Il me conte, répondit le petit Claus, qu'il ne veut pas que nous ayons soif, toujours par enchantement, il a fait arriver à travers les airs trois bouteilles d'excellent vin qui sont quelque part dans un coin, ici, dans la chambre. Le fermier chercha et aperçut en effet les bouteilles, que la pauvre femme fut contrainte de déboucher et de placer sur la table. Les deux hommes s'en versèrent de copieuses rasades, et le fermier devint très joyeux.
- Dis donc, demanda-t-il, ton magicien peut-il aussi évoquer le diable ? En ce moment que je me sens si bien et de si bonne humeur, rien ne me divertirait mieux que de voir maître Belzébuth faire ses grimaces.
- Oh ! oui, répondit Claus, mon sorcier fait tout ce que je lui demande. N'est-il pas vrai ? continua-t-il, en heurtant son sac du pied. Tu entends, il dit oui. Mais il ajoute que le diable est si laid, que nous ferions mieux de ne pas demander à le voir.
- Oh ! je n'ai pas peur aujourd'hui, dit le fermier. À qui peut-il bien ressembler, Satan ?
- Il a tout à fait l'air d'un sacristain.
- Ah ! dit le paysan. Dans ce cas, il est affreux, en effet. Il faut que tu saches que j'ai les sacristains en horreur. Tant pis, cependant, comme je suis prévenu que ce n'est pas un vrai sacristain, mais bien le diable en personne, sa vue ne me fera pas une impression trop désagréable. Vidons encore la dernière bouteille, pour nous donner du courage. Recommande toutefois qu'il ne m'approche pas de trop près.
- Voyons, es-tu bien décidé ? dit petit Claus, alors je vais consulter mon magicien. Il remua son sac et tint son oreille contre.
- Eh bien ? dit le paysan.
- Il dit que vous pouvez allez ouvrir le grand coffre qui est là-bas dans le coin, vous y verrez le diable qui s'y tient blotti, mais tenez bien le couvercle et ne le soulevez pas trop, pour que le malin ne s'échappe pas.
- En avant ! dit le fermier, viens m'aider à tenir ferme le couvercle. Ils allèrent vers la caisse où le pauvre sacristain était accroupi, tout tremblant de peur. Le paysan leva un peu le dessus et regarda.