Le Cabecillapage 4 / 4
- Tu aimes donc mieux mourir ?
- Cent fois !
- C'est bien... tu mourras.
Alors le curé fit un signe, et le peloton d'exécution vint se ranger autour du condamné, qui ne sourcilla pas. Devant ce beau courage, le chef eut un mouvement de pitié : «Tu n'as rien à me demander avant ?... Veux-tu manger ! Veux-tu boire ?
- Non ! répondit l'enfant ; mais je suis bon catholique, et je ne voudrais pas arriver devant Dieu sans confession.
Le cabecilla avait encore son surplis et son étole : «Agenouille-toi, dit-il en s'asseyant sur une roche, et, les soldats s'étant écartés, le condamné commença à voix basse : «Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché....»
Mais voici qu'au milieu de la confession, une fusillade terrible éclate à l'entrée du défilé.
- Aux armes ! crient les sentinelles.
Le cabecilla bondit, donne des ordres, distribue les postes, éparpille ses soldats. Lui-même a sauté sur une espingole sans prendre le temps d'ôter son surplis, lorsqu'en se retournant il aperçoit l'enfant toujours à genoux.
- Qu'est-ce que tu fais là, toi ?
- J'attends l'absolution.
- C'est vrai, dit le prêtre.... Je t'avais oublié.
Gravement, il élève la main, bénit cette jeune tête inclinée ; puis, avant de partir, cherchant des yeux autour de lui le peloton d'exécution dispersé dans le désordre de l'attaque, il s'écarte d'un pas, met son pénitent en joue, et le foudroie à bout portant.