vendredi 26 Décembre 2014 à 21h57
c'est long à lire
- Mais dites-moi, questionna l'étranger, pourquoi attachez-vous pas aussi contre un pieu l'arbre que je vois là-bas, dans le coin, tout tordu et biscornu, dont les branches touchent presque le sol ? Il a besoin d'être redressé, non ?
- Bien sur, mon seigneur, vous parlez à votre id‚e, mais on voit bien que vous ne vous êtes jamais occupé d'un jardin. Cet arbre est vieux, desséché et biscornu : personne au monde ne peut le redresser, Les arbres, c'est quand ils sont jeunes qu'il faut les diriger.
- c'est comme avec votre fils, remarqua l'étranger, Si vous l'aviez dressé quand il était jeune, il ne vous aurait pas quitté ; mais à présent, il doit être endurci lui aussi, noueux et desséché.
- Probablement, oui : cela fait longtemps qu'il est parti, reconnut le paysan. Il doit avoir beaucoup changé.
- Est-ce que vous le reconnaîtriez si vous le rencontriez ?
- De visage peut-être pas, dit le vieux, mais il a un signe de naissance, une envie sur l'épaule, qui a la forme d'une fève, l'inconnu, à ces mots, retira sa veste, d‚couvrit son épaule et fit voir la fève au vieux paysan qui s'exclama : " Mon Dieu ! mais tu es vraiment mon fils ! " Et son cœur en était tout ému.
-Mais comment se peut-il que tu sois mon fils, reprit-il en raisonnant, et que tu sois devenu le grand seigneur que voilà, vivant dans le luxe et l'abondance ? Par quel chemin es-tu arrivé ?
- Oh ! Père, le jeune arbre n'était lié à aucun tuteur, répondit le fils, et il a poussé de travers ; à présent il est trop âgé et jamais plus on ne le redressera. Tu veux savoir comment je me suis procuré tout cela ? C'est que je suis devenu voleur. Mais n'en sois pas choqué : je suis un maître voleur, un artiste du genre. Il n'y a pas de serrure qui tienne, pas de verrou qui existe pour moi : ce qui me plait, c'est à moi. Mais ne va surtout pas croire que je vole misérablement comme les voleurs ordinaires, n'importe où, n'importe comment ! Je ne prends que le surplus des riches et les pauvres n'ont rien à craindre i je préfère leur donner que de leur prendre quelque chose. En outre, ce qui ne réclame point de peine, d'astuce ni de subtilité, ne m'intéresse pas et je n'y touche pas.
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vendredi 26 Décembre 2014 à 21h57
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