La légende de Sidoniepage 1 / 3
Grand-mère aimait le mercredi.
Ce jour-là, ses petits-enfants n'allaient pas à l'école et venaient lui rendre visite.
Assise en tailleur, elle racontait de drôles d'histoires, sous le vieux marronnier du jardin.
Enzo et Lilou, le pouce à la bouche, le doudou sur les genoux, n'en perdaient pas une miette…
Il fut un temps où les girafes ne ressemblaient guère à celles que nous connaissons aujourd'hui. Elles possédaient un cou minuscule et un énorme ventre. Sans cesse affamées, elles dévoraient tout, sans distinction : insectes, miel et cochons sauvages. Elles étaient si grosses qu'on aurait pu les confondre avec des rhinocéros !
Mais la petite Sidonie était différente de ses compagnes.
La girafette (ce mot n'existe pas !) rêvait d'aventures extraordinaires. Le nez au vent, elle gambadait dans la savane. Par instants, elle s'arrêtait et demandait :
- Qui y a-t-il derrière les nuages ?
Ses sœurs gloussaient :
- Quelle importance ?… Les nuages ne se mangent pas !
Les railleries des unes et des autres ne tourmentaient pas Sidonie. Elle continuait de poser des questions, s'étonnant de ne recevoir aucune réponse :
- Où va le chemin ? Qu'y a-t-il plus loin ?
- Tais-toi et va voir ailleurs ! s'écrièrent un jour ses sœurs, excédées.
Sidonie partit donc sur le chemin. Elle alla plus loin et plus loin encore.
La girafette aperçut un arbre gigantesque, un baobab. Et pour la première fois, une terrible faim la tenailla.
Sidonie croqua une des feuilles de l'arbre : Un régal ! Elle se mit sur la pointe des pattes pour goûter celles des branches supérieures. Puis, comme les jeunes pousses de la cime paraissaient délicieuses, la girafe tordit le cou, s'étira pour les atteindre… et resta coincée ! Affolée, elle gigota en tous sens, tenta de se dégager. Et plus elle bougeait, plus le piège se resserrait.
Ses cris de désespoir alertèrent les animaux des environs.