Les voisinspage 2 / 9
- Sont-ce des pièces pour faire des habits aux canards ? demanda l'un des petits moineaux, en apercevant les plumes sur l'eau.
- Comment pouvez-vous dire des sottises pareilles ? dit la mère. Ne savez-vous donc pas qu'on ne confectionne pas des vêtements aux oiseaux comme aux hommes ? Ils nous poussent naturellement. Les nôtres sont bien plus fins que ceux des canards. À propos, je voudrais bien savoir ce qui a pu tant effrayer ces lourdes bêtes. Je me rappelle que j'ai poussé quelques pip, pip énergiques en vous grondant tout à l'heure. Serait-ce cela ? Ces grosses roses, qui étaient aux premières loges, devraient le savoir, mais elles ne font attention à rien, elles sont perdues dans la contemplation d'elles-mêmes. Quels ennuyeux voisins ! Les petits marmottèrent quelques légers pip d'approbation.
- Entendez-vous ces amours d'oiseaux ! dirent les roses. Ils s'essayent à chanter, cela ne va pas encore, mais dans quelque temps ils fredonneront gaiement. Que ce doit être agréable de savoir chanter ! on fait plaisir à soi-même et aux autres. Que c'est charmant d'avoir de si joyeux voisins ! Tout à coup deux chevaux arrivèrent au galop, on les menait boire à la mare. Un jeune paysan montait l'un, il n'avait sur lui que son pantalon et un large chapeau de paille. Le garçon sifflait mieux qu'un moineau, il fit entrer ses chevaux dans l'eau jusqu'à l'endroit le plus profond. En passant près du rosier, il en cueillit une fleur et la mit à son chapeau. Il n'était pas peu fier de cet ornement. Les autres roses, en voyant s'éloigner leur sœur, se demandèrent l'une à l'autre :
- Où peut-elle bien aller ? Aucune ne le savait.
- Parfois je souhaite de pouvoir me lancer à travers le monde, dit l'une d'elles, mais réellement je me trouve très bien ici : le jour, le soleil y donne en plein, et la nuit, je puis admirer le bel éclat lumineux du ciel à travers les petits trous du grand rideau bleu. C'est ainsi que dans sa simplicité elle désignait les étoiles.