vendredi 11 Juillet 2014 à 03h05
Incroyable mon pti cousin ces endormis avant que je termine la première page
- Comment allez-vous ? dit-elle.
- Pas trop bien, dit le savant. J'écris de mon mieux sur le Vrai, le Beau et le Bien, mais mes livres n'intéressent presque personne, et j'ai la faiblesse de m'en affecter. Vous me voyez tout désespéré.
- Ce n'est guère mon cas, dit l'Ombre. Voyez comme j'engraisse et comme j'ai bonne mine. C'est là le vrai but de la vie, vous ne savez pas prendre le monde tel qu'il est, et exploiter ses défauts. Cela vous ferait du bien de voyager un peu. Justement, je vais repartir pour un autre continent : voulez-vous m'accompagner ? je vous défraierai de tout, nous aurons un train de grands seigneurs. Mais il y a une condition. Vous savez, je n'ai pas d'ombre, moi : eh bien, vous remplirez cet emploi auprès de moi.
- C'est trop fort ce que vous me proposez là, dit le savant, c'est presque de l'impudence. Comment, je vous ai affranchie, sans rien vous demander, et vous voulez faire de moi votre esclave ?
- C'est le cours de ce monde, répondit l'Ombre. Il y a des hauts et des bas : les maîtres deviennent des valets, et quand les valets commandent, ils font les tyrans. Vous ne voulez pas accepter, à votre aise ! L'Ombre repartit de nouveau. Le pauvre savant alla de mal en pis, les peines et les chagrins vinrent le harceler. Moins que jamais on faisait attention à ce qu'il écrivait sur le Vrai, le Beau et le Bien. Il finit par tomber malade.
- Mais comme vous maigrissez, lui dit-on, vous avez l'air d'une ombre ! Ces mots involontairement cruels firent tressaillir l'infortuné savant.
- Il vous faut aller aux eaux, lui dit l'Ombre qui revint lui faire une visite. Il n'y a pas d'autre remède pour votre santé. Vous avez dans le temps refusé l'offre que je vous faisais de vous prendre pour mon ombre. Je vous la réitère en raison de nos anciennes relations. C'est moi qui paye les frais de voyage, je suis aussi obligée d'aller aux eaux afin de faire pousser ma barbe qui ne veut pas croître suffisamment pour que j'aie l'air de dignité qui convient à ma position. Donc vous serez mon compagnon. Vous écrirez la relation de nos pérégrinations. Soyez cette fois raisonnable et ne repoussez pas ma proposition. Le savant, pressé par la nécessité, fit taire sa fierté et ils partirent. L'Ombre avait toujours la place d'honneur, selon le soleil, le savant avait à virer et à tourner, de façon à bien figurer une ombre. Cela ne le peinait ni ne l'affectait même pas, il avait très bon cœur, il était très doux et aimable et il se disait que si cette fantaisie faisait plaisir à l'Ombre, autant valait la satisfaire. Un jour il lui dit :
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vendredi 11 Juillet 2014 à 03h05
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