Le compagnon de routepage 4 / 14
- Dans le monde ! répondit Johannès. Je n'ai ni père ni mère. Je suis un pauvre gars, mais le Seigneur me viendra en aide.
- Moi aussi je veux voir le monde ! dit l'étranger, faisons route ensemble.
- Ça va ! dit Johannès. Et les voilà partis. Très vite ils se prirent en amitié car ils étaient de braves garçons tous les deux. Mais Johannès s'aperçut que l'étranger était bien plus malin que lui-même, il avait presque fait le tour du monde et savait parler de tout. Le soleil était déjà haut lorsqu'ils s'assirent sous un grand arbre pour déjeuner. À ce moment, vint à passer une vieille femme. Oh ! qu'elle était vieille ! Elle marchait toute courbée, s'appuyait sur sa canne et portait sur le dos un fagot ramassé dans le bois. Dans son tablier relevé Johannès aperçut trois grandes verges faites de fougères et de petites branches de saule qui en dépassaient. Lorsqu'elle fut tout près d'eux, le pied lui manqua, elle tomba et poussa un grand cri. Elle s'était cassé la jambe, la pauvre vieille. Johannès voulait tout de suite la porter chez elle, aidé de son compagnon, mais celui-ci ouvrant son sac à dos, en sortit un pot et déclara qu'il avait là un onguent qui guérirait sa jambe en moins de rien. Mais en échange il demandait qu'elle leur fasse cadeau des trois verges qu'elle avait dans son tablier.
- C'est cher payé ! dit la vieille en hochant la tête d'un air bizarre. Elle ne tenait pas du tout à se séparer des trois verges mais il n'était pas non plus agréable d'être là par terre, la jambe brisée. Elle lui donna donc les trois verges et dès qu'il lui eut frotté la jambe avec l'onguent, la vieille se mit debout et marcha, elle était même bien plus leste qu'avant.
- Que veux-tu faire de ces verges ? demanda Johannès à son compagnon.
- Ça fera trois jolies plantes en pots, répondit-il ; elles me plaisent. Ils marchèrent encore un bon bout de chemin.
- Comme le temps se couvre, dit Johannès en montrant du doigt les épais nuages. C'est inquiétant.