La princesse et le porcherpage 2 / 5
- Superbe ! charmant ! * s'écrièrent toutes les dames de la cour, car elles parlaient toutes français, l'une plus mal que l'autre du reste.
- Comme cet oiseau me rappelle la boîte à musique de notre défunte impératrice! dit un vieux gentilhomme. Mais oui, c'est tout à fait la même manière, la même diction musicale !
- Eh oui ! dit l'empereur. Et il se mit à pleurer comme un enfant.
- Mais au moins j'espère que ce n'est pas un vrai, dit la princesse.
- Mais si, c'est un véritable oiseau, affirmèrent ceux qui l'avaient apporté.
- Ah ! alors qu'il s'envole, commanda la princesse. Et elle ne voulut pour rien au monde recevoir le prince.
Mais lui ne se laissa pas décourager, il se barbouilla le visage de brun et de noir, enfonça sa casquette sur sa tête et alla frapper là-bas.
- Bonjour, empereur ! dit-il, ne pourrais-je pas trouver du travail au château ?
- Euh ! il y en a tant qui demandent, répondit l'empereur, mais, écoutez ... je cherche un valet pour garder les cochons car nous en avons beaucoup.
Et voilà le prince engagé comme porcher impérial. On lui donna une mauvaise petite chambre à côté de la porcherie et c'est là qu'il devait se tenir. Cependant, il s'assit et travailla toute la journée, et le soir il avait fabriqué une jolie petite marmite garnie de clochettes tout autour.
Quand la marmite se mettait à bouillir, les clochettes tintaient et jouaient :
Ach, du lieber Augustin,
Alles ist hin, hin, hin.**
Mais le plus ingénieux était sans doute que si l'on mettait le doigt dans la vapeur de la marmite, on sentait immédiatement quel plat on faisait cuire dans chaque cheminée de la ville. Ça, c'était autre chose qu'une rose.
Au cours de sa promenade avec ses dames d'honneur la princesse vint à passer devant la porcherie, et lorsqu'elle entendit la mélodie, elle s'arrêta toute contente car elle aussi savait jouer «Ach, du lieber Augustin», c'était même le seul air qu'elle sût et elle le jouait d'un doigt seulement.