La malle volantepage 5 / 6
Sur la fenêtre, il y avait une vieille plume dont la servante se servait pour écrire. Elle n'avait rien de remarquable sinon qu'elle avait été plongée trop profondément dans l'encrier ce dont elle tirait grande vanité.
- Si la bouilloire à thé ne veut pas chanter, dit-elle, elle n'a qu'à s'abstenir. Il y a là dehors, dans une cage, un rossignol. Lui sait chanter quoiqu'il n'ait jamais appris. Il nous suffira pour ce soir.
- Je trouve fort inconvenant, dit la bouilloire qui était la cantatrice de la cuisine, qu'un oiseau étranger se produise ici. Est-ce patriotique ? J'en fais juge le panier à provisions.
- Je suis vexé, dit le panier à provisions, plus que vous ne le pensez peut-être! Est-ce une manière convenable de passer la soirée? Ne vaudrait-il pas mieux réformer toute la maison, mettre chacun à sa place! je dirigerais le mouvement. Ce serait autre chose.
Oui, faisons du chahut ! s'écrièrent-ils tous.
A cet instant, la porte s'ouvrit, la servante entra. Tous devinrent muets. Personne ne broncha plus, mais il n'y avait pas un seul petit pot qui ne fut conscient de ses possibilités et de sa distinction.
- Si j'avais voulu, pensaient-ils tous, cela aurait vraiment pu être une soirée très gaie.
La servante prit les allumettes et les gratta. Comme elles crépitaient et flambaient!
- Maintenant, tout le monde voit bien que nous sommes les premières. Quel éclat! Quelle lumière
Ayant dit, elles s'éteignirent.
- Quel charmant conte, dit la reine. je croyais être à la cuisine avec les allumettes. Oui, tu auras notre fille.
- Bien sûr, dit le roi, tu auras notre fille lundi.
Ils le tutoyaient déjà puisqu'il devait entrer dans la famille.
Le mariage fut fixé. La veille au soir toute la ville fut illuminée, les petits pains mollets et les croquignoles volaient de tous côtés, les gamins des rues se tenaient sur la pointe des pieds, criaient "Bravo! " et sifflaient dans leurs doigts. Une belle soirée !