Conte celte : le lièvre d'argentpage 9 / 10
- Malo, mon époux, tu es sans doute sorti du jardin et tu as délivré le diable? demanda-t-elle.
- Pardonne-moi, ma chère femme, mais j'avais entendu un bruit, comme si les murailles allaient s'effondrer. Je ne me suis même pas rendu compte que je sortais du jardin. Je voulais seulement savoir ce qu'il se passait. Ne crains rien, je ne te donnerai pas à ce diable et je le renverrai dans les flammes de l'enfer.
Le lendemain à midi, le diable apparut au château.
- Où est la princesse persane? demanda-t-il à Malo.
- Elle est là, elle s'habille, répondit le jeune homme. Rends-toi sur le pré, devant le château, je te l'y conduirai.
Le diable fit ce qu'il lui disait et, quelque temps après, Malo le rejoignait ainsi que la princesse. Il n'avait pas encore passé la porte du château que le diable tendait déjà les bras. Mais Malo était malin et souffla vite dans la corne de chasse que lui avait offerte son beau-frère. Alors, tous les animaux à cornes accoururent des quatre coins du monde et s'attaquèrent au diable. Ils le piquèrent et le malmenèrent si bien que le diable en trépignait de douleur. Il finit par déclarer : "Je reviendrai demain!" Et il disparut.
Le jour suivant, quand le diable fit son apparition, Malo siffla dans le bec que lui avait donné son beau-frère et, à l'instant même, tous les oiseaux se précipitèrent sur le démon. Ils l'attaquèrent à coups de bec et faillirent bien lui crever les yeux. Ils l'auraient sans doute tué, s'il n'avait réussi à s'enfuir. Mais auparavant il répéta qu'il reviendrait le lendemain chercher la princesse.
- Ce sera la dernière fois! lui lança Malo, ensuite, ne reparais plus devant moi, ou bien tu ne repartiras pas vivant!
La troisième fois, le chasseur breton attendit le diable avec la boucle d'or de son beau-frère. Dès qu'il la serra dans sa main, tous les animaux à fourrure accoururent des quatre coins du monde. Ils attaquèrent le diable avec leurs crocs, leurs griffes et leurs défenses aiguisés. Le démon eut beau se défendre, ils ne le laissèrent pas s'enfuir tant qu'il n'eut pas signé de son sang vert la promesse qu'il ne ressortirait plus de l'enfer et laisserait désormais en paix la princesse persane.