Conte celte : le lièvre d'argentpage 3 / 10
- Mon petit frère, j'ai peur pour toi. Mon mari va rentrer dans peu de temps et qui sait ce qu'il te fera ? Il n'est pas vraiment méchant, mais c'est un ogre sauvage. Il est capable de faire un repas avec six boeufs rôtis, et je ne sais jamais ce qui peut lui passer par la tête !
Malo se sentit effrayé, mais il n'en laissa rien paraître.
- Allons, il ne me mangera pas, plaisanta-t-il. Cache-moi quelque part, que je puisse voir comment tu vis ici. Et au matin, je m'en irai.
La soeur aînée cacha donc son frère dans un coin, derrière une rangée de gros tonneaux. Là-dessus, le géant ouvrit la porte et entra avec six boeufs. Il cria de loin :
- Femme, j'ai apporté notre dîner !
Il s'installa à table. Bien que taillé dans les troncs épais de plusieurs chênes robustes, son banc ploya sous son poids.
- J'ai soif, donne-moi donc un peu de vin, gronda-t-il.
La jeune femme prit un récipient d'argent, l'emplit de vin et le posa devant son époux. Le géant se désaltéra mais soudain, il s'écria :
- Pouah! Ce vin empeste l'homme. Dis-moi qui tu as caché là. Je veux le voir, sinon cela ira mal pour toi!
L'épouse du géant prit peur.
- Ah! Ah! Tu es donc là! s'écria le garçon.
Mais il eut tort de se réjouir trop vite, car le lièvre l'entraîna jusqu'au soir par monts et par vaux, à travers les broussailles et les taillis. A la tombée du jour, Malo soupira :
- Je vais passer la nuit ici, dans la montagne, et je continuerai demain.
- Pourquoi passerais-tu la nuit dans la montagne, alors que derrière ce buisson se trouve le château de ta soeur cadette ? proclama le lièvre à voix humaine.
Et tout se passa comme la veille. Le jeune homme arriva devant une vieille forteresse. Il frappa à la porte et, quand sa soeur reconnut sa voix, elle fut éperdue de joie. Elle l'embrassa, le caressa et soupira ensuite, comme
sa soeur aînée.
- Mon petit frère, j'ai peur pour toi. Mon mari va rentrer et qui sait s'il ne te fera pas de mal? II n'est pas vraiment méchant, mais c'est un géant puissant qui est capable de faire son repas d'une douzaine de boeufs, et je ne sais pas ce qui peut lui passer par la tête.